Le sujet a déjà fait couler beaucoup d'encre et pas seulement dans la fantasy, alors je ne peux m'empêcher d'ajouter mon grain de sel!
Les romans de fantasy écrits par des femmes traitent le plus souvent de relations entre membres d'une même famille, des voisins ou des collègues (ils peuvent être des sorciers, des elfes ou des dragons). On ne voyage généralement pas très loin. Cela ressemble assez à une série TV, que ce soit "Dallas" ou "Friends". On y parle beaucoup. On y assiste à relativement peu de morts ou de combats en direct, même s'il peut y en avoir beaucoup en tell. Le but du personnage principal (qu'il soit homme ou femme) est de vivre en harmonie avec son entourage. Ça a une certaine tendance à se terminer bien. Un exemple basique serait le dessin animé "Mon petit poney", à tel point que je me demande si les écrivaines américaines n'ont pas été hyper formatées par ce type de récit dans leur enfance.
Les romans fantasy écrits par des hommes traitent de relation entre individus sans rapport entre eux, des étrangers au début de l'histoire, voire des rivaux. Il y a aussi des relations avec des entités non vivantes (éléments, catastrophes naturelles, objets...) ou des notions abstraites (courage, honneur, morale...). On y voyage plus loin, il y a plus de scènes de violence, de mort et le but du personnage principal (homme ou femme) est de surmonter les obstacles, de grandir, de s'affirmer ou de trouver son identité.
Un cas frappant sont les légendes arthuriennes traitées par des auteurs masculins et féminins (par exemple l'excellent "Dames du Lac" de Marion Zimmer Bradley http://www.amazon.fr/Dames-Lac-Marion-Zimmer-Bradley/dp/B003X1XMZS/ref=sr_1_6?s=books&ie=UTF8&qid=1374314179&sr=1-6&keywords=les+dames+du+lac+Bradley).
Ça n'a rien à voir avec les gènes ou les hormones, car cette dichotomie n'existait pas jusqu'aux années 1980. Je pense qu'elle est apparue avec l'influence des autres genres et modes de l'époque:
"cheminement du héros" chez les auteurs masculins, façon Star Wars, romance et grandes sagas-fleuves chez les auteurs féminins, genre "Scrupules" ou "Les oiseaux se cachent pour mourir" (un
excellent bouquin, très noir, au passage).
Cette différence existe surtout, je dirais, dans les romans américains et français. Les britanniques réussissent comme d'hab' à se singulariser. Bien sûr, il y a des exceptions, des mélanges et des gens qui arrivent à s'affranchir des conventions : JRR Martin ou JK Rowling son de bons contre-exemples. La SF/anticipation etc... sont bien sûr beaucoup moins stéréotypées, précisément parce qu'elles sont sensées questionner les conventions actuelles.
Je ne veux pas dire que la Fantasy féminine est pire que la masculine, ou vice et versa. Ce que je veux dire, c'est que lorsque le lecteur voit le prénom de l'auteur sur le bouquin qu'il feuillette, il risque d'avoir un certain nombre d'idées préconçues sur le contenu ou la façon dont celui-ci va être traité. Bref, si vous avez envie de lire une histoire où il sera question de relations humaines, sociales et de psychologie, vous choisirez un roman écrit par une femme, si vous voulez des voyages, des conflits et des quêtes philosophiques, vous choisirez un roman écrit par un homme. Vous avez déjà fait une présélection.
Cette situation va être renforcée par les illustrations comme cela est démontré brillamment dans cet article:
http://www.huffingtonpost.com/2013/05/07/coverflip-maureen-johnson_n_3231935.html
Illustrations de romans écrits par des femmes: un visage féminin en assez gros plan, ou des choses "féminines": fleurs, paysage statique, pire, du rose...
Illustrations pour des romans écrits par des hommes: des objets, une composition abstraite, des personnages ou des objets en mouvement, des groupes de personnages vus de plus loin, un paysage en
mouvement (vague...).
Avis aux illustrateurs... Et aux lecteurs !
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