D’après Wikipedia :
Un "trope" n'est ni bon ni mauvais en soit : en ce sens un trope est distinct d'un cliché, car un cliché est un trope qui a trop été utilisé, et que le public remarque bien. La présence d'un trope dans une fiction ne nuit pas à la qualité de celle-ci.
Bien souvent, un trope est une situation dans votre récit. Ce qui le transforme en cliché, c’est la façon dont vous la faite évoluer. Après avoir fait un peu de bétalecture, je me suis rendu compte que beaucoup de gens s’imaginent qu’une situation donnée dans un roman ne possède qu’une seule évolution possible : celle qu’on a déjà lu des dizaines de fois. Alors faites l’exercice suivant : prenez une à une les étapes de votre récit et imaginez au moins deux issues différentes de celle que vous avez choisie. C’est le principe de nombre de jeux vidéos et des « Livres dont vous êtes le héros », mais curieusement, les gens ont beaucoup de mal à l’appliquer au roman.
Exemple:
Vous, le héros/héroïne, êtes dans un endroit désert à minuit et vous voyez avancer vers vous un monstre avec de grandes dents.
Quelle est votre réaction?
- Vous prenez vos jambes à votre cou
- Vous l'attaquez bille en tête avec un moyen de fortune
- Vous l’attaquez avec votre lance-roquette laser spécialement calibré pour les monstres de cette espèce
- Vous vous cachez avant qu'il ne vous ait vu
- Vous improvisez un piège à monstres
- Vous êtes si choqué que vous restez là les bras ballants
- Vous êtes convaincu qu'il s'agit d'une hallucination et vous continuez votre chemin, comme si de rien n'était.
- Vous l’apprivoisez grâce à quelques marshmallows qui trainaient dans votre poche.
- Vous lui dites poliment bonjour et lui demandez si la station de bus est encore loin
Seulement voilà: le monstre aussi peut avoir une réaction. Quelle sera-t-elle ?
Il/elle peut:
- Vous attaquer pour vous manger
- Vous attaquer pour vous tuer
- Vous emprisonner par magie et vous mettre dans son garde-manger
- Ne pas vous remarquer, plus que vous ne remarquez les pigeons
- Vous dire poliment bonjour
- Vous demander l'heure
- Il s'agit d'un monstre-garou qui tombe immédiatement amoureux(se) de vous. Il/elle engage la conversation et vous demande votre numéro de téléphone
- Le monstre est une illusion envoyée par un puissant sorcier pour vous tromper/tester/protèger son domaine etc...
Et j’en ai certainement oubliés. Bref cette situation simple, "rencontre entre un humain et un monstre" peut se dérouler d'une bonne quinzaine de façons différentes et il peut en découler des histoires très différentes également. C’est un peu comme un carrefour : vous pouvez aller à gauche, à droite, tout droit… Et l’intrigue toute entière d’un roman est comme un cheminement à travers une multitude de carrefours. Vous pouvez arriver à la conclusion par plusieurs voies différentes, voire même revenir à votre point de départ !
Au cinéma, le grand spécialiste des tropes à évolution imprévue, c’est Quentin Tarentino. Pour lui, c’est d’ailleurs simple : les scénarios hollywoodiens actuels sont tellement formatés, qu’il suffit de prendre le contre-pied du schéma habituel pour surprendre le spectateur. Cependant, certains auteurs aux scénarios ultra-classiques, gardent quand même un épisode inhabituel pour frapper le public : dans « Le Seigneur des Anneaux », le lecteur s’attend à ce que le gentil Frodo surmonte le coté obscur et détruise l’Anneau. En créant un épisode à l’opposé de cette attente, Tolkien crée une conclusion mémorable à son roman. Imaginez si Frodo avait simplement jeté l’anneau ? Ce serait un peu plat, non ?
Et que se serait-il passé si Dark Vador n'avait pas révélé à Luke qu'il était son père ? Ou alors, s'il l'avait révélé à un autre moment du film ? Ou si Luke l'avait appris d'un autre personnage que Dark Vador?
Bref, vous êtes aux commandes de votre histoire, à vous de décider où elle mène. Vous n'êtes pas obligé de suivre la même recette que tout le monde.
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