La Relecture des vaches sacrées.

Profitant du manque de distractions forcé du confinement, j’ai commencé à relire les romans classiques que j’ai lu dans les années 80-90. Et ben, un bon conseil : ne faites pas ça. Vous serez terriblement déçu/e.

 

Premier point : la moitié ne passeraient pas une première lecture chez un éditeur moderne : style lourd, longueurs (vous imaginez le début du Seigneur des anneaux ?), clichés atroces (Legend de David Gemmell où Rek part pour un trajet de plusieurs jours dans une forêt enneigée sans vêtements ni même réserves de mourriture pour lui et on demande ce que mange son cheval). Nombreux passages en tell (une bonne partie de La Main gauche de la nuit d’Ursula Le Guin). Digressions est dialogues pour ne rien dire (Le Sorceleur d'Andrzej Sapkowski). De nos jours, ces classiques auraient de la peine à trouver un éditeur ou un public.

 

Deuxième point : nombre d’entre eux reflètent terriblement leur époque et il serait maladroit de leur faire dire plus qu’ils ne le voulaient dans leur contexte d’origine. La Main Gauche de la nuit est censée questionner le genre. Sauf que quasiment tous les personnages sont appelés « il », même sous forme « femelle ». Les rares fois où ils se retrouvent dans une situation « féminine », il leur arrive des trucs atroces : un perso se fait éclater le crâne par son conjoint. Le roi (non, pas la reine) accouche d’un enfant mort-né et perd ce qui lui reste de raison. Estraven est abattu. Enfin, l’ingrédient principal du système de divination est le désir sexuel frustré d’un « mâle » pour « un » « femelle » (il est désigné comme « il » dans le texte). Bref, si ce roman sortait aujourd’hui dans une optique « questionnement du genre », il serait descendu en flèche.

 

 

Troisième point : certains parviennent quand même à bien vieillir. J’ai relu avec plaisir « Dune » de Franck Herbert, les « Tschaï » de Jack Vance et « Le Monde de la Mort » de Harry Harrison ». Comment ont-ils fait ?

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